vendredi 18 juillet 2008

Plus de moi


Tu m’as croisé ce soir
Dans ce sombre couloir
Sans m’accorder un regard
Pour toi j’arrive trop tard
Pas assez de soleil dans le ciel
Inutiles mes larmes de sel
Tu ne veux plus de moi, plus de moi.

Je veux te prouver que j’ai changé,
Oublié ce qui m’empêchait d’évoluer
Pendant que je restais dans mon coin
M’éloignant lentement loin de toi, si loin
Pas assez de soleil dans le ciel
Inutiles mes larmes de sel
Tu ne veux plus de moi, plus de moi.

Tu restes sourd
Mes prières se perdent pour toujours
Mais je ne peux t’oublier
T’effacer de mon cœur blessé
Pas assez de soleil dans le ciel
Inutiles mes larmes de sel
Tu ne veux plus de moi, plus de moi.

Maintenant je sais que je ne peux plus rien faire
T’emporter dans les airs
Ou au fin fond des mers
Parmi les poissons et les corsaires
Pour t’arracher un sourire
Et t’entendre dire que nous pouvons survivre
Car tu ne veux plus de moi, plus de moi.

mercredi 16 juillet 2008

un tit texte


Qui aurait cru ?

T’imaginer évoluant dans ma réalité
M’aidait souvent à combler les fins de soirées
Tendrement serrer ta main et frissonner en croisant tes yeux azur
Demeurait dans mon quotidien une douce folie pure.

Qui aurait cru qu’un jour
Défiant toute probabilité, je te parlerais ?
Qui aurait cru qu’un jour
Unissant nos deux destinées, tu m’embrasserais ?

Et pourtant cela s’est produit
Au cours d’une douce soirée par les dieux bénie
Je sens encore la chaleur de ton corps
Brûlant comme le soleil des Açores.

Jamais je ne pourrai oublier
L’étincelle de ton regard qui m’a enflammée
Tant d’émotions concentrées dans un si court instant
Que j’en tremble encore en y repensant

Qui aurait cru qu’un jour
Défiant toute probabilité, je te parlerais ?
Qui aurait cru qu’un jour
Unissant nos deux destinées, tu m’embrasserais ?

Ma vie a repris lentement son cours
Bien que mon cœur très souvent encore fasse des détours
Afin de se ressourcer dans cette part de rêve que tu m’as offerte
Remplissant ma boîte à souvenirs de la plus belle des joies secrètes

Qui aurait cru qu’un jour
Défiant toute probabilité, je te parlerais ?
Qui aurait cru qu’un jour
Unissant nos deux destinées, tu m’embrasserais ?



Vous en pensez quoi ? (s'il y a encore des courageux pour passer ici ?)

samedi 9 février 2008

Partie 4

Vous l'attendiez avec impatience n'est-ce pas ?? Bon et bien voilà la suite !! Je crée un nouveau message pour que cela semble moins long... Et aussi parce que je voulais donner quelques précisions : mes relecteurs ont trouvé ça bien, mais plus j'ai de commentaires mieux c'est, alors ne vous privez pas ! Je vous en serai reconnaissante !!


Le lendemain de notre retour, notre propriétaire est arrivé de bon matin, alors que Colleen, une fois de plus, avait passé la nuit avec nous. Comme elle était occupée à masser ma jambe, j’ai pu écouter ce qu’ils disaient :
- Mademoiselle, je vous remercie de l’attention que vous portez à mes chevaux, mais Winner part demain à l’entraînement. Field ne peut rester ici seul et je ne peux le mettre nulle part ailleurs. J’ai trouvé un acquéreur pour lui à un prix raisonnable et il va partir d’ici une semaine. De plus, avec les voleurs de chevaux qui sévissent dans la région, c’est la meilleure solution pour tout le monde. Vous ne pouvez pas dormir dans le pré éternellement ! L’automne arrive !
- Ne vous inquiétez pas pour moi. Vous connaissez l’acheteur ? Vous lui avez bien dit qu’il a besoin de soins et qu’il ne peut plus faire de compétition, même s’il fera un excellent cheval d’extérieur ? Il n’est pas peureux…
Sa voix tremblait légèrement et la main qu’elle avait posée sur mes naseaux me transmettait toute sa tension. Je n’osais croire ce que j’entendais. Je n’avais aucune envie de quitter cet endroit, et encore moins mes amis mais je savais pourtant que je n’avais pas le choix. Insouciant et ignorant de son départ imminent, Winner dormait paisiblement, allongé dans l’herbe de tout son long. Sa vie de cheval de courses allait commencer et une autre vie s’offrait à moi, dans un nouveau monde, loin de tout ce que j’avais connu jusque là, pour la deuxième fois en moins d’une année.
Enfin, nous nous sommes retrouvés seuls et ses larmes ont encore ajouté à ma confusion.
- Oh bébé ! Tout ça à cause de ces voleurs de chevaux ! Jamais il n’aurait envoyé Winner à l’entraînement si vite sans eux ! Et tu n’aurais pas à partir ! Mais ne t’inquiète pas mon grand, je vais lui dire de bien prendre soin de toi. Je ne laisserai personne te faire du mal. C’est promis ! Oh si seulement tu pouvais me dire ce que tu as vu cette nuit-là en t’enfuyant Field !
Comment lui faire comprendre qu’elle connaissait le voleur ? Qu’elle l’avait même mené jusqu’à nous ? M’aurait-elle seulement cru de toute façon ?
Le soleil se couchait lorsque Dan est réapparu devant nous. Winner a été le premier à le voir et son hennissement n’avait rien d’amical. Voir Colleen chercher du réconfort dans ses bras et lui raconter toutes nos aventures était un véritable supplice alors que je ne souhaitais qu’une chose : l’éloigner de nous. Alors imaginez mon état d’esprit lorsqu’ils se sont blottis l’un contre l’autre sous la tente que Colleen avait installé près de notre abri. Alarmé, je trottinais en secouant la tête et en reniflant bruyamment, désireux d’attirer son attention, en vain. J’ai abandonné en sentant l’insidieuse douleur sur le point de refaire surface. S’il se produisait quelque chose, je devais pouvoir bouger et me défendre.
La lune venait d’être masquée par un gros nuage lorsque le pan de la tente s’est ouvert. Aussitôt, prenant son courage à deux mains malgré l’appréhension que je sentais en lui, Winner est venu se poster à mes côtés et comme chassée par son appui, ma propre peur s’est évanouie. L’homme s’est approché de nous en silence, une longue cravache à la main et un licol dans l’autre main. Croyait-il vraiment pouvoir nous attraper tous les deux sans réveiller Colleen ? J’ai henni, bientôt rejoint par Winner, mais elle n’est pas sortie de la tente.
- Elle ne viendra pas canassons ! Vous pouvez faire autant de bruit que vous voulez, il n’y a que nous ici !
Le fouet a alors claqué tout près de nous et Winner s’est encore rapproché de moi. Fou de terreur et de colère, je me suis jeté sur l’assaillant mais la morsure du cuir m’a cueilli à deux mètres de lui. Surpris par l’attaque, je me suis arrêté net mais contredisant mon instinct, j’ai ensuite poursuivi mon chemin, malgré le sang qui coulait des blessures de mon flanc. Reculant face à mon agressivité, Dan a fini par trébucher et je me suis alors dressé au dessus lui, bien décidé à lui faire payer ce qu’il avait fait à Colleen. Mes antérieurs allaient s’abattre sur le corps recroquevillé sur le sol lorsqu’un cri m’a fait pivoter sur moi-même, l’épargnant d’une dizaine de centimètres.
- Field !!

samedi 5 janvier 2008

Poème

Parce qu'il m'a toujours inspiré, un petit mot pour toi mon crack !

Juste pour toi

Aujourd'hui je suis là

Grand est ton nom


De toi on dit que tu es un champion

Et tu es bien plus que ça


Beaucoup t'admirent

Et ne peuvent s'empêcher de sourire.

Loin des caméras

Loin des média

On te voit heureux

Unique joyau blanc et bleu

Entouré des meilleurs

Tu restes dans nos coeurs.

vendredi 28 décembre 2007

Welcome Back (passage 3 en ligne !)

Bon ça fait un moment je sais, mais les choses sont un peu compliquées pour moi en ce moment, entre les préparatifs pour le départ au Canada, le travail et les copains. Heureusement, j'ai fini par trouver un peu de temps pour mon crayon et voilà le début du résultat. Pas de fin et je ne sais pas complètement où je vais mais apparemment, l'accroche n'est pas mauvaise. (Merci à mes relecteurs préférés, au nombre de deux pour l'instant, ça me semble suffisant pour lançer les premiers mots !) Pour ceux qui me connaissent, ils retrouveront une petite part de vécu là-dedans, mais je pense pas que ça ait une importance capitale ! Bonne lecture !! Attention, c'est parti !!
Mon nom est Field et je suis un cheval de courses ; ou plutôt, j’étais un cheval de courses. Car soyons honnêtes, j’aimais les champs de courses, l’entraînement tôt le matin lorsqu’on courait dans la lumière du soleil levant, la foule aussi, mais je n’avais ni le physique, ni le mental qui font un athlète. Le dépassement de soi, la rage de vaincre et autres inventions humaines, très peu pour moi. Oh bien sûr j’ai essayé ! Je n’ai jamais refusé de faire ce que l’on me demandait, mais chaque être a ses limites et j’ai vite découvert les miennes. Je souhaitais pourtant de tout cœur faire plaisir à mon entraîneur, qui prenait soin de moi avec attention. Malheureusement, un matin pluvieux a finalement scellé mon destin. J’ai trébuché et je me suis irrémédiablement blessé à un antérieur. Soigné et dorloté, j’ai très vite oublié la douleur qui s'est eclipsé pour faire de la place à la peur.
Qu’allait-il m’arriver ? Les mots du vétérinaire ne trompent jamais une oreille avertie et après trois années passées dans une écurie de courses, je savais ce que signifiait la fin de ma courte et peu glorieuse carrière sportive. Anxieux, je tournais en rond dans mon box, négligeant mes repas et même les visites de mon entraîneur. Nombreux sont mes amis à avoir disparu après une blessure. Allais-je les rejoindre ? Quelques jours seulement se sont écoulés avant que l’on ne m’emmène loin du centre d’entraînement, loin de ce box qui avait été mon chez moi pendant trois années. Plus de mille jours. Et s’il y a une chose que vous devez savoir à propos des chevaux, c’est que nous chérissons la routine, les habitudes. Alors imaginez ma détresse lorsque je suis descendu du camion sans rien reconnaître autour de moi. L’homme qui se tenait près de moi ne m’était pas inconnu bien que je ne l’aie pas vu depuis très longtemps (où et quand je ne parvenais pas à me le rappeler) et il me caressait doucement pour me rassurer. Il m’a laissé inspecter tranquillement les alentours avant d’entreprendre un pansage complet. Ses mains expertes ont ensuite massé ma jambe douloureuse et les gestes quotidiens ont fini de me tranquilliser. Je n’allais peut-être pas me trouver si mal après tout. Mon soulagement s’est encore accru quand on m’a enlevé le licol pour me lâcher au pré, où un jeune cheval m’a accueilli en piaffant de joie. Je suis habitué à la vie en box mais croyez-moi, rien ne vaut la liberté en compagnie de copains prêts à partager vos jeux. Je restais prudent au premier abord et j’ai fait le tour de la pâture lentement, en observant mon compagnon. C’était encore un bébé à mes yeux et lorsque nous avons fait plus ample connaissance, il m’a expliqué qu’on venait de le séparer de sa mère. A ces mots, le souvenir de ma propre expérience du sevrage m’a frappé en même temps que je me rappelais le visage de l'homme qui m'avait accueilli à la descente du van. C'est lui qui déjà s'était occupé de moi lorsque ma mère a donné naissance à mon petit frère mais n'a pas survécu à cet acte, nous laissant tous deux orphelins. D'ailleurs je ne sais pas ce qu'il est devenu... A-t-il survécu à ces premiers jours traumatisants? J’ai donc éprouvé une vive sympathie pour lui dès les premiers instants. Ainsi, je savourais chaque jour que je passais là-bas, calme et joyeux grâce aux jeux de Winner, mon ami. Ma blessure a guérit rapidement et bientôt j’ai pu galoper à ses côtés, avec dans ma mémoire le souvenir des applaudissements et des regards admiratifs que les gens posaient sur nous à l’entrée en piste. J’en ai beaucoup parlé à Winner afin de le préparer mais il n’arrive pas à imaginer. Son univers se limite à l’herbe verte et à la grange où il est né.
Vous devez désormais vous demander ce qui me pousse à raconter mon histoire, car vous n’y voyez rien de très intéressant : un cheval moyen qui passe sa retraite dans un pré. Tant mieux pour lui, tous n’ont pas cette chance, et bon vent ! Mais ma vie ne s’arrête pas là. Je ne vous aurais pas dérangé pour si peu. Mais attention,ne vous méprenez pas! Ne vous attendez pas à ce que je me transforme subitement en champion des pistes, national ou international, comme l’ont été Man O’War, Cyclone, Seabiscuit ou plus récemment, Barbaro. Cela n’arrivera pas. Pourtant, si vous êtes prêts à me suivre dans le récit de ma vie ordinaire, laissez vous porter jusqu’à cette après-midi de juin où j’ai retrouvé, pour mon plus grand plaisir, une vieille connaissance. Enfin, vieille n’est pas à prendre au pied de la lettre… Mais vous allez vite comprendre…
Ses pas m’ont alerté les premiers, mais j’ai très vite reconnu son odeur de caramel. Je ne connais personne d’autre qui ait ce mélange de bonbon et de verdure collé à la peau comme un parfum. J’ai fait la connaissance de cette jeune fille à mon arrivée à l’hippodrome. Elle travaillait là et s’arrêtait souvent pour me caresser, me parler ou simplement me regarder. J’ai fini par attendre ses visites avec impatience. Ce n’est pas souvent que quelqu’un s’occupe de moi par plaisir sans rien demander en retour. De plus, je savais que j’étais son préféré et je m’en sentais flatté, même si mes compagnons de box m’enviaient son attention et se vengeaient parfois d’un coup de dents rageur. Vous savez déjà que je n’ai pas à me plaindre des hommes qui se sont occupés de moi, j’ai toujours été traité avec gentillesse. Pourtant elle seule a su voir en moi. Pour les autres, je ne suis qu’un objet, un animal pour le mieux. Pour elle, je suis un ami. Elle pense sûrement que ses paroles n’ont aucun sens pour moi alors que je comprends chaque mot qu’elle me chuchote à l’oreille. Ses peurs m’effrayent, ses joies me font plaisir et son sourire me fait accourir auprès d’elle dès qu’elle approche. Ses carottes ou ses pommes aussi d’ailleurs car j’ai compris qu’elle a toujours quelque chose pour moi, même si ce n’est qu’une poignée d’herbe fraîche ramassée au bord du chemin. Donc cet après-midi là, elle est apparue au détour du sentier et m’a appelée en riant. Mes naseaux ont frémi lorsque je l’ai reconnue et j’ai couru vers cette partie de mon passé que le soleil et l’herbe fraîche n’avaient pu me faire oublier. J’ai posé ma tête sur son épaule et je l’ai laissée me caresser sans bouger pendant un long moment. Puis j’ai humé l’odeur de pommes qui émanait de son sac à dos et j’ai cherché à les atteindre. Comme toujours, elle s’est écartée de moi en riant, parce que mes lèvres la chatouillaient à force de frôler son cou. Mais elle a ouvert son sac pour en sortir deux grosses pommes, qu’elle a partagées entre Winner et moi, avant d'escalader la barrière pour nous rejoindre. Elle est restée longtemps avec nous, jouant avec nous, courant à perdre haleine dans une poursuite endiablée. Jamais nous ne nous étions autant amusés et elle a fini par s’étendre dans l’herbe, à bout de souffle, pendant que je m’approchais doucement en broutant, jusqu’à venir respirer ses cheveux dorés, en quête de nouvelles caresses qu’elle m’a accordé sans délai. Après ces longues semaines de convalescence au pré, où nous vivons en totale liberté, le plus souvent sans voir un humain de toute la semaine, j’avais oublié le plaisir que l’on éprouve à se laisser chouchouter, brosser, caresser. Avec le jeu, c’est pourtant la partie de ma relation avec les bipèdes que je préfère. Qui s’en plaindrait, je vous le demande !
Ce soir là, alors que mon amie allait nous laisser, en me promettant de revenir très vite, j’ai entendu le bruit d’un moteur qui montait vers nous. Peu habitué à ce ronronnement, Winner s’est enfui jusqu’à l’extrémité du pré, d’où il m’a appelé d’un air inquiet. Une camionnette s’est arrêtée devant moi et je me suis rapproché de Colleen en reconnaissant celui qui s’occupait de nous depuis mon arrivée. Les oreilles pointées, je n’ai pas perdu une miette de leur échange verbal. J’ai même dû me retenir de bondir comme un cabri lorsqu’elle a accepté de venir s’occuper de nous au moins une fois par semaine. J’avais craint qu’elle ne revienne plus et pourtant, mes oreilles ne me trahissaient pas. Aucun risque que je me sois trompé : l’homme lui avait proposé de le remplacer et elle venait d’accepter avec enthousiasme ! Cette nuit-là, mes souvenirs de ma vie antérieure se imposés à moi encore plus forts. Winner ne partageait pas vraiment ma joie mais son indifférence m’était égale. Il n’était jamais totalement rassuré en présence d’humains, mais je savais qu’il apprendrait à apprécier les visites de Colleen, tout comme je l’avais fait. De fait, je n'avais pas tort. A partir de là, notre vie a changé. Nous ne savions jamais quand elle arriverait et pour nous surprendre, elle essayait toujours de masquer son arrivée jusqu’à apparaître de nulle part au milieu des arbres de la pâture. Mis en alerte par ce jeu de cache-cache, nous tendions l’oreille au moindre craquement, prêts à accourir vers elle. Elle n’était tenue qu’à une visite par semaine, mais elle venait tous les deux jours, voire plus souvent. Jamais lasse, elle passait quelques heures avec nous avant de redescendre au village en contrebas, vers sa vie de jeune femme. Allongée dans l’herbe, un livre à la main, elle attendait souvent que je vienne me coucher près d’elle et alors, j’écoutais les histoires qu’elle lisait à haute voix. Il n'y a rien de plus passionnant qu’un livre. Grâce à elle, j’ai découvert Victor Hugo, Charles Dickens et bien d’autres encore. Les hommes ont de l’imagination, c’est indéniable. Heureusement pour moi, je sais écouter et j’en profite pleinement. D’autres jours, elle venait uniquement avec une boîte de pansage et entreprenait de nous « faire briller », selon son expression. Même Winner, un peu chatouilleux les premières fois, a fini par galoper vers elle aussi vite qu’il le pouvait lorsqu’elle n’a plus utilisé que des brosses douces pour ménager sa sensibilité. Il n’en revenait pas : comment avait-elle deviné qu’il redoutait l’étrille ? Pourtant, un œil averti ne pouvait s’y tromper et j’avais souvent l’impression que Colleen « parlait » cheval sans même s’en rendre compte.

A la fin de l’été, alors que l’herbe craquelée semblait réclamer un peu d’eau après plusieurs semaines de sécheresse, elle est arrivée un soir en sifflotant. Elle tenait à la main un panier à pique-nique dont elle a sorti une grande couverture rouge qu’elle a étendue avec application. Intrigués par ses préparatifs, Winner et moi nous sommes approchés, examinant avec circonspection l’étrange attirail. Assiettes, couverts, bougies… Autant de choses auxquelles nous ne sommes guère habitués. Après avoir fini, elle a glissé son bras autour de mon encolure et en plus de son odeur familière, j’ai discerné une douce fragrance de fleurs. Quelque chose se préparait mais je ne savais pas quoi. De plus, elle habituellement si loquace n’avait pas ouvert la bouche depuis un long moment et elle semblait surveiller le chemin, tout en tressant distraitement les crins de ma crinière. Elle a fini par murmurer :
-Il est vraiment spécial pour moi Field. J’espère que tu vas l’aimer.
Je l’observais et ses yeux verts se sont perdus dans les miens alors que j’essayais de comprendre de quoi elle pouvait bien parler.
Mon attente a enfin pris fin lorsqu’une haute silhouette s’est profilée à l’entrée de notre pâture. Je n’en croyais pas mes yeux et pourtant, je ne rêvais pas. Un garçon. Elle avait amené un garçon. Méfiant, je m’éloignais aux côtés de Winner, tout en observant les deux humains. Ils se sont assis sur la couverture en discutant gaiement. A mon plus grand désarroi, j’ai reconnu dans la voix de mon amie la tendresse et la douceur qu’elle employait habituellement pour s’adresser à moi. Désorienté, presque jaloux, je m’éloignais encore. Surprise par ma réserve, Colleen s’est finalement levée et m’a appelé :
- Allez bébé, viens là mon grand !
Tout en fouettant l’air du soir de ma queue, je suis venu vers elle lentement, mais je me suis arrêté à une distance respectable de l’intrus, les oreilles pointées dans sa direction, prêt à prendre la fuite au moindre geste suspect malgré la présence de Colleen contre mon épaule :
- Voyons Field, ne fais pas le timide ! Dan a envie de te rencontrer, je lui ai tellement parlé de toi !
Puis, sans remarquer le regard chargé de reproches que je lui ai lancé, elle a continué :
- Il n’a pas l’habitude des étrangers. Ca va lui passer, ne t’inquiète pas.
Mais Winner et moi n’avions pas la moindre intention de changer d’avis. Quelque chose émanait du jeune homme, quelque chose que je ne pouvais saisir mais qui ne m’incitait aucunement à lui faire confiance. Cette soirée m’a semblé durer une éternité et en voyant Colleen disparaître sur le chemin, pour la première fois sans que je sois à la clôture pour l’accompagner du regard le plus longtemps possible, mon cœur s’est serré. Contrairement à ce qu’elle avait dit, je n’avais rien contre les étrangers. Avait-elle oublié que la plus grande partie de ma vie de cheval s’était passée sur un hippodrome, où des dizaines de personnes déambulaient devant mon box quotidiennement sans que cela m’inquiète outre mesure, bien au contraire !

Quelque temps plus tard, alors que j’avais presque oublié l’étrange inconnu, un curieux manège s’est mis en place devant notre abri dans la nuit noire. La forêt, d’ordinaire si calme, était envahie par des bruits de moteurs et de voix, parmi lesquelles j’ai reconnu celle du jeune homme avec lequel Colleen avait dîné. Soudain, la porte du pré a grincé et trois garçons se sont approchés en braquant leurs lampes de poche sur nous. Serré contre moi, Winner ne savait pas quoi faire et à vrai dire, je n’en menais pas large non plus. Mais quoi que ces clowns aient eu en tête, j’étais déterminé à contrecarrer leurs plans. Je n’avais plus qu’à découvrir comment. J’ai laissé le dénommé Dan se rapprocher jusqu’à poser une main sur mon encolure, pendant qu’il amenait un licol près de ma tête. Alors, je me suis soudainement dressé sur mes postérieurs en frappant furieusement l’air de mes sabots pour me frayer un passage. Ils se sont écartés pendant que je m’éloignais d’eux, suivi comme mon ombre par Winner. Je savais que nous ne pourrions aller très loin lorsque tout à coup, j’ai aperçu la porte du pré grande ouverte. L’un des intrus courait vers elle, mais c’était trop tard, nous étions trop rapides pour lui. Lancé au grand galop dans le noir, je retrouvais l’excitation de la course, mêlée à la peur d’être rattrapé et j’ai entraîné Winner dans la forêt, slalomant entre les arbres, avalant les kilomètres aussi vite que nous le pouvions sans jamais nous retourner.

Le soleil du matin nous a découverts dans une petite clairière arrosée par un cours d’eau, fatigués mais attentifs au moindre bruit. Nous avions entendu les bruits des moteurs à notre poursuite pendant un certain temps mais soit ils avaient abandonné, soit nous les avions perdus dans les bois car autour de nous, tout était calme. Nous avons passé la matinée à cet endroit, où nous avions de l’herbe et de l’eau en abondance puis nous nous sommes remis en route en nous éloignant toujours de notre pré, qui ne nous paraissait plus aussi sûr qu’auparavant. De plus, je ne parvenais pas à comprendre ce que Dan et ses acolytes avaient bien pu vouloir faire de nous. Winner n’avait encore jamais été monté et j’avais entendu Colleen le lui dire pour expliquer la frayeur qu’il avait exprimée à l’égard de l’inconnu, en ajoutant que ma jambe blessée me forçait pour encore quelques semaines à un repos au pré. Mais mes questions sont restées sans réponse : nous avons passé une semaine à vagabonder loin des habitations, changeant de direction dès que nous rencontrions une route afin d’éviter tout contact avec les humains.
Pourtant un matin, alors que nous descendions une pente assez raide, j’ai senti se réveiller l’ancienne douleur de ma jambe. Arrivé en bas, j’ai fait encore quelques pas avant de m’immobiliser sans pouvoir reposer mon pied par terre. Inquiet, Winner est revenu vers moi pour m’entraîner plus loin avant de comprendre que je ne pouvais le suivre. Déchiré entre la sécurité de la fuite et le réconfort de ma présence, il a fait les cent pas un long moment devant moi, en venant régulièrement frotter ses naseaux sur mon encolure en signe d’amitié, avant de disparaître derrière les arbres en lançant un hennissement désolé. Combien de jours je suis resté là ? Luttant contre la douleur, je me suis installé près d’un ruisseau tout proche dans lequel je laissais ma jambe de longues heures, laissant le massage frais de l’eau calmer la gêne lancinante qui m’empêchait de me déplacer. Pour la première fois de ma vie, j’étais seul et totalement livré à moi-même, ce qui accentuait ma peur de ne jamais pouvoir quitter cet endroit et d’y mourir lentement.
La douleur de ma jambe ne diminuait pas aussi vite que la fois précédente, où j’avais bénéficié de soins efficaces et je savais qu’aucune aide ne me parviendrait dans ce lieu reculé, mais je ne pouvais rien faire et des milliers d’années d’instinct me disaient de ne pas signaler ma présence en faisant du bruit à cause des prédateurs qui vivaient sûrement dans ce bois. C’est alors que j’ai réellement compris le sens du mot « impuissance » que j’avais souvent entendu dans les récits de Colleen. Alors que je m’étais allongé dans l’herbe courte au bord de l’eau, vaincu par la fatigue, j’ai entendu un claquement de sabots sur la terre sèche. J’ai redressé la tête et j’ai reconnu le hennissement de Winner qui approchait. Rassuré et ravi du retour de mon compagnon, j’ai essayé de me redresser mais dans ma précipitation, je ne suis pas parvenu à me mettre sur mes quatre jambes avant qu’il apparaisse de l’autre côté du petit cours d’eau. N’en croyant pas mes yeux, j’ai pourtant distingué Colleen, qui suivait celui que je considérais comme un petit frère et qui s’est précipitée vers moi en courant sans se soucier des gerbes d’eau qu’elle faisait jaillir sur son passage et qui ont effrayé Winner. Ses mains douces se sont alors posées sur mon encolure, puis mon garrot et elles ont ensuite glissé jusqu’à ma jambe blessée, cherchant doucement à identifier le problème. Le doux museau de Winner est bien vite venu souffler un encouragement silencieux dans ma crinière pendant que Colleen me parlait tendrement et m’aidait de la voix à me relever.
- C’est bien bébé. Je savais qu’on allait te retrouver, ça va aller maintenant il faut juste que tu te redresses. Tu ne peux pas rester là Field. Fais moi plaisir bébé, lève toi mon grand… Voilà je vais m’occuper de toi maintenant… Je ne laisserai plus personne te faire du mal. La police est sur les traces de ceux qui ont enlevé tous ces chevaux dans la région… Ils ne vont pas tarder à les arrêter. Oh Field j’ai eu si peur qu’ils t’aient pris !!Les larmes qui coulaient de ses yeux se perdirent dans ma crinière alors que je plaçais ma tête à sa place habituelle, dans le dos de mon amie. Nous avons encore passé deux nuits à cet endroit, le temps que les soins qu’elle me prodiguait aient fait effet, et malgré le froid qui se faisait sentir lorsque le soleil se couchait et le peu d’équipement qu’elle avait apporté dans son sac à dos, elle ne m’a pas quitté un seul instant. Puis elle nous a doucement conduits jusqu’à une route où un camion est venu nous chercher pour nous ramener chez nous.

samedi 10 novembre 2007

Adieu

En espérant que ça vous donne pas trop le bourdon !! J'ai écrit ça y a un moment, dans une journée pas très gaie... Mais bon, j'aime bien ces quelques phrases !!


Adieu


Elle courait dans le noir, les racines et les branches la faisaient trébucher mais elle se relevait toujours et elle courait. « Il » avait besoin d’elle. « Il » était très malade et elle seule pouvait encore le sauver. Elle serrait fort contre son cœur le petit sachet de médicaments qu’elle lui ramenait. Elle arriverait à temps, il le fallait.
Enfin, elle aperçut la fumée que dégageait le feu qui brûlait dans la cheminée sans pour autant parvenir à réchauffer l’atmosphère tendue qui régnait dans la pièce lorsqu’elle l’avait quittée. Elle poussa la porte et entre en haletant. La vieille femme agenouillée auprès du lit la regarder préparer la potion et l’approcher des lèvres du malade.
Alors l’attente commença. Longue et terrible. Vers minuit, il ouvrit les yeux. Aussitôt, elle se pencha sur lui et murmura :
- Tout va bien, je vais te soigner et…
Il lui coupa la parole et articula avec peine :
- Ecoute… Je t’aime et je veux que tu sois heureuse. Promets-moi de chercher un mari qui t’aimera et te donnera des enfants comme j’aurais tant aimé le faire…
- Ne dis pas ça !
- Promets-le moi ! Je n’ai plus beaucoup de temps… S’il te plaît…
Sa voix s’était faite pressante, impérieuse. Elle plongea son regard mouillé de larmes dans les yeux bleus luisants de fièvre et répondit :
- C’est… C’est promis…
Elle éclata en sanglots, enfouissant son petit visage ravagé par les pleurs dans le creux de son épaule. Alors il se détendit et déposa un dernier baiser sur ses cheveux :
- Adieu mon amour. Ne sois pas triste, je veillerai toujours sur toi. Je t’aime…
Dans un dernier soupir, ses yeux se refermèrent et sa main retomba sur le dos de la jeune fille qui sanglotait toujours sur son épaule, pleurant son amour perdu.

jeudi 1 novembre 2007

Mots

Perdu au milieu du bruyant brouhaha de la grande ville, un homme rentre chez lui, insensible à tout ce qui l’entoure. Comme les voitures qui se croisent sur la chaussée, ajoutant le vacarme des klaxons et des moteurs vrombissants à l’agitation des piétons, les mots s’entremêlent dans son esprit. Il ne fait pourtant aucun effort pour les chercher. Le simple fait de respirer, d’être, les attire comme un aimant. Et les phrases affluent sans retenue :

« Je reste seul, je ne veux plus de soucis »

Il sourit tristement car en effet, il est seul. Mais les soucis, eux, ont commencé lorsqu’elle l’a quitté. Le matin de décembre où elle est partie, le laissant désemparé face à la douleur, au vide provoqué par son absence. C’est alors que les mots ont fait irruption dans son coeur. Il n’a jamais rien demandé, mais il a accueilli ces compagnons, qui se bousculent continuellement à la porte de son subconscient, avec gratitude. Ils sont un don du ciel, du Destin, peu importe comment il se nomme, pour oublier, ne plus penser que sa vie n’est qu’une suite de ratés. Ils ont besoin de lui pour éclater, enfin il n’a plus de doute sur son utilité.

« Malgré les heures passées je n’y arrive pas,
Car jour et nuit je pense à toi ».

Ceux-ci n’ont pas tort. Il est veilleur de nuit, et les longs moments qu’on laisse fuir en réfléchissant dans l’obscurité, alors que le reste de l’humanité dort paisiblement, n’ont plus de secret pour lui. Mais pense-t-il toujours à elle ? Non, il a surmonté cette épreuve, les mots l’y ont aidé… La lumière du soleil levant frappe son visage et éclaire d’une lueur dorée ses beaux yeux noisette, à l’expression si triste. Face à lui, une jeune fille s’arrête, indécise. Sans rien remarquer, il baisse les yeux, et rompt le charme. Comme rendue à la réalité, elle reprend son chemin, alors qu’il n’a pas même ralenti.

« J’ai marché, c’était long, dans ce couloir sans fin »

Oui, il a l’impression de marcher seul ici depuis des siècles. Où est cette lumière dont tant de gens évoquent l’existence ? Peut-être n’est-il pas assez proche de la fin pour l’apercevoir. La fin de sa souffrance, la fin de son calvaire. La fin de sa vie. Comment savoir lorsqu’il y sera enfin ? Retrouvera-t-il, dans ce dernier instant, ce bonheur qu’il partageait avec elle ? Soudain, il lève la tête, une folle lueur d’espoir brillant au fond de son regard. Malheureusement, celle-ci s’éteint très vite : ce n’est pas elle qu’il a aperçue là-bas. De toute façon, c’est impossible. Hier encore, il s’est assis dans l’herbe, tout près d’elle :

« Je ne peux voir que ton prénom inscrit sur cette tombe,
La suite de ma vie, tu sais a vraiment changé. »

Il marche alors dans les allées du parc, oasis de verdure et de paix dans la folie citadine. Pourtant, son pouvoir apaisant semble altéré ce matin. Il secoue la tête, pourquoi aujourd’hui, ces mots qu’il croyait être ses amis, lui font-ils revivre cet instant, ces jours terribles pendant lesquels il a pensé ne pas savoir survivre ? Comment arrêter cette litanie, diffusée sans répit dans son esprit ? Comment retrouver les phrases festives et fraîches qui le faisaient sourire et qui ont fait place à ce désespoir sans fond ? Déboussolé, il s’appuie à un chêne tout proche pour reprendre son souffle et le cours de ses pensées. La ronde des paroles qui l’accompagne ralentit alors, puis finalement s’évanouit. Le soudain silence dans ses oreilles le surprend, lui fait peur. Il ne dure pourtant pas longtemps car très vite, une voix remplace celle qui l’a déserté. En la reconnaissant, il s’effondre et perd toute conscience du monde extérieur. Plus rien d’autre n’existe que cette voix. Sa voix. Douce et tendre, comme dans ses souvenirs. Il ferme les yeux, alors que des larmes baignent ses joues mal rasées sans qu’il s’en aperçoive. Il lui semble discerner sa silhouette, mais elle lui tourne le dos, comme tendue vers un futur où il n’a pas sa place. Cependant, l’écho de ses paroles résonne toujours :

« Dis moi que tu m’aimes »

Etouffant un sanglot, il murmure d’une voix étouffée :
- Je ne t’ai pas oubliée seulement, j’ai si mal lorsque je pense à toi ! Pardonne-moi…
- Rejoins moi...

Il hésite, ne répond pas. Il aimerait tant que tout cela soit bien réel, Pouvoir à nouveau la serrer dans ses bras… Avant qu’il ne fasse un geste, son image s’efface. De nouveau ce silence. La tête lui tourne et il ne désire plus qu’une chose : son retour. A n’importe quel prix. Il a besoin d’elle. Au bout d’un long moment, il se relève, essuie ses yeux gonflés de larmes et se met en route, tourne à droite en direction du lac. Les mots qui l’avaient aidé ne sont plus là, sans doute les a-t-il épuisés, ou bien ont-ils trouvé un autre moyen pour atteindre le monde. Quelqu’un de gai, chaleureux et souriant. Quelqu’un qui a quelque chose à offrir. Quelqu’un dont le regard brillant et les idées lumineuses séduiraient toutes les femmes de la Terre… Quelqu’un. Quelqu’un d’autre… La réalité le frappe. Même les textes, ses meilleurs amis depuis des mois, n’ont plus besoin de lui. En cette heure matinale, le parc est désert et il n’a pas à se soucier du chemin qu’il prend. Il a parcouru ces allées tant de fois, avec elle. Enfin, sa vue se dégage sur un superbe panorama. Cela au moins n’a pas changé. Il lui semble que la beauté de cet endroit est immuable, en été sous le soleil brûlant comme en hiver lorsque la glace dérive lentement sur les eaux calmes. La fatigue de la nuit s’abat sur lui, au moment même où il est ébloui par l’harmonie paisible de la scène. Il ne pense néanmoins pas à rentrer chez lui. Il doit la retrouver et là où ils se sont promis de s’aimer à jamais lui paraît être le meilleur endroit. Sans réfléchir plus longtemps, il descend au bord du lac, prend une profonde inspiration et pénètre lentement dans l’eau, comblant le vide dans ses pensées par des chants d’amour et de pardon qu’il lui destinait mais qui s’étaient noyés dans la foule de mots qui l’avait assailli depuis son départ. Un cri l’arrête. Il se retourne, cherche le témoin bruyant de ses retrouvailles avec « elle ». Une enfant le regarde de la rive et semble attendre, ses cheveux blonds retombant en belles boucles sur ses épaules menues.
- Va-t-en ! crie-t-il, anxieux d’en finir au plus vite.
Alors qu’il se détourne, la petite l’appelle :
- Monsieur… Tu pêches ?
- Oui… Oui je pêche. Et les poissons ne viennent plus quand il y a des gens qui parlent. Rentre chez toi.
- Je peux voir tes poissons ? demande-t-elle en s’approchant de lui, sans hésiter à marcher dans l’eau froide.
Il se précipite vers l’enfant, la ramène sur le bord. Elle tremble mais ne semble pas s’en apercevoir.
- Tu n’as pas de canne à pêche ?
- Non, je… Je ne faisais que repérer les poissons. Pourquoi t’intéressent-ils tant d’ailleurs ?
Le regard de la petite se voile et pourtant, elle répond fermement :
- Avant de partir, maman m’a dit que les poissons étaient des messagers. Et s’ils tournent en rond dans leur bocal, c’est parce qu’on les empêche de rejoindre leur but. Un de ces poissons doit avoir quelque chose à me dire.
- Où est ta maman ?
- Je ne sais pas, elle est partie sans moi. Alors, tu peux me montrer les poissons ?
Une petite main chaude se pose sur son bras et il n’arrive plus à détacher son regard des yeux bleus de la petite fille qui l’interrogent, le supplient en silence. Comment lui répondre ? Qu’est-il arrivé à sa mère ? Comment peut-on mettre un si lourd fardeau sur les épaules fragiles d’une enfant ? Pour combien de temps encore restera-t-elle une petite fille naïve et touchante ? Il réfléchit à toute vitesse pour trouver une solution. Elle ne peut pas être seule, son père ou ceux qui s’occupent d’elle la cherchent forcément. Ils ne peuvent être loin. Il se penche et scrute l’eau lorsque tout à coup, un éclair argenté passe dans le fond du lac :
- Là ! Tu le vois ? En voilà un !
- Oh oui !! Je l’ai vu !! On aurait dit une étoile filante ! Maman adorait les étoiles filantes !! Elle disait qu’il fallait faire un vœu.
Elle saute à son cou, se serre contre lui. Pendant un bref instant, il sent le petit cœur battre contre sa poitrine et la chaleur du corps gracile de sa jeune protégée se répand dans ses veines et lui fait ressentir à quel point il est vivant. Vivant. Le mot pénètre son esprit, s’écoule en lui comme un vaccin. Avant qu’il ne la repose à terre, elle murmure à son oreille :
- Merci.
Elle s’éloigne ensuite, vive comme une anguille.
- Je dois aller le dire à papa !
- Attends ! Attends !
Mais elle a déjà disparu, aussi vite qu’elle était arrivée. Il se met à courir sur ses traces, il ne veut pas la laisser seule dans ce grand parc vide où il pourrait lui arriver n’importe quoi. Pourtant une fois qu’il rejoint le sentier, il ne peut la retrouver. Envolé, volatilisé son rayon de soleil de la matinée. Pendant une heure, il marche à sa recherche, en vain. Finalement, ses pas le ramènent devant sa porte et il réalise qu’il n’a plus songé à « elle ». Bien vite, il éloigne cette pensée, la fatigue qui l’opprime ne lui laisse pas le loisir de réfléchir plus avant. Plus tard, peut-être… Il s’écroule sur son lit et s’endort, s’éloignant ainsi de questions sans réponses qu’il n’arrive plus à comptabiliser et qu’il ne veut même plus écouter.

« Allez va, rattrape la vie »

Instantanément, il ouvre les yeux, croit à un rêve. A-t-il bien entendu ? Non, il se trompe sûrement, l’appartement est parfaitement silencieux. Pourtant son cerveau bourdonne, et il n’a plus l’impression d’être seul.

« On a pas tout ce qu’on veut dans la vie
Mais on a l’espoir et ça c’est permis »

Des larmes de soulagement perlent à ses paupières alors qu’il écoute, et essaye de démêler les cascades de mots qui déferlent sur son esprit torturé, apaisantes comme un baume réparateur. Ils ont raison. On ne vit qu’une fois et il doit en profiter. Cela fait trop longtemps qu’il a oublié ce credo, et « elle » n’aurait pas apprécié. Quoi qu’il ait pu voir ou imaginer ce matin. Il se lève, se rase d’une main sûre et expérimentée et sourit à son reflet, alors que dans son esprit, la ronde de paroles reprend de plus belle, comme pressée de rattraper le temps perdu, avant qu’il ne soit trop tard et que tout ne s’arrête…

Présentation

Qu'est-ce que ce nouveau blog allez vous penser, ô lecteurs ! Et bien, c'est juste pour faire découvrir certaines de mes créations, des nouvelles notamment, étant donné que la saison de courses à Brabois est finie, il faut bien que j'entretienne un peu ma passion pour l'écriture. Les photos vont être un peu mises de côté, car je n'en ai pas vraiment pour illustrer mes délires imaginaires. Tout ça pour vous dire que si vous me lisez, n'hésitez pas à poster vos commentaires, car un écrivain (mon Dieu quel grand mot pour des histoires si petites) aime savoir ce que pense son lectorat ! Donc voilà, vous êtes invités à participer !!
On va commencer en douceur avec une courte nouvelle intitulée Mots et après, c'est promis, j'en ai une sur les chevaux, mais elle n'est pas finie... Enjoy !!