samedi 10 novembre 2007

Adieu

En espérant que ça vous donne pas trop le bourdon !! J'ai écrit ça y a un moment, dans une journée pas très gaie... Mais bon, j'aime bien ces quelques phrases !!


Adieu


Elle courait dans le noir, les racines et les branches la faisaient trébucher mais elle se relevait toujours et elle courait. « Il » avait besoin d’elle. « Il » était très malade et elle seule pouvait encore le sauver. Elle serrait fort contre son cœur le petit sachet de médicaments qu’elle lui ramenait. Elle arriverait à temps, il le fallait.
Enfin, elle aperçut la fumée que dégageait le feu qui brûlait dans la cheminée sans pour autant parvenir à réchauffer l’atmosphère tendue qui régnait dans la pièce lorsqu’elle l’avait quittée. Elle poussa la porte et entre en haletant. La vieille femme agenouillée auprès du lit la regarder préparer la potion et l’approcher des lèvres du malade.
Alors l’attente commença. Longue et terrible. Vers minuit, il ouvrit les yeux. Aussitôt, elle se pencha sur lui et murmura :
- Tout va bien, je vais te soigner et…
Il lui coupa la parole et articula avec peine :
- Ecoute… Je t’aime et je veux que tu sois heureuse. Promets-moi de chercher un mari qui t’aimera et te donnera des enfants comme j’aurais tant aimé le faire…
- Ne dis pas ça !
- Promets-le moi ! Je n’ai plus beaucoup de temps… S’il te plaît…
Sa voix s’était faite pressante, impérieuse. Elle plongea son regard mouillé de larmes dans les yeux bleus luisants de fièvre et répondit :
- C’est… C’est promis…
Elle éclata en sanglots, enfouissant son petit visage ravagé par les pleurs dans le creux de son épaule. Alors il se détendit et déposa un dernier baiser sur ses cheveux :
- Adieu mon amour. Ne sois pas triste, je veillerai toujours sur toi. Je t’aime…
Dans un dernier soupir, ses yeux se refermèrent et sa main retomba sur le dos de la jeune fille qui sanglotait toujours sur son épaule, pleurant son amour perdu.

jeudi 1 novembre 2007

Mots

Perdu au milieu du bruyant brouhaha de la grande ville, un homme rentre chez lui, insensible à tout ce qui l’entoure. Comme les voitures qui se croisent sur la chaussée, ajoutant le vacarme des klaxons et des moteurs vrombissants à l’agitation des piétons, les mots s’entremêlent dans son esprit. Il ne fait pourtant aucun effort pour les chercher. Le simple fait de respirer, d’être, les attire comme un aimant. Et les phrases affluent sans retenue :

« Je reste seul, je ne veux plus de soucis »

Il sourit tristement car en effet, il est seul. Mais les soucis, eux, ont commencé lorsqu’elle l’a quitté. Le matin de décembre où elle est partie, le laissant désemparé face à la douleur, au vide provoqué par son absence. C’est alors que les mots ont fait irruption dans son coeur. Il n’a jamais rien demandé, mais il a accueilli ces compagnons, qui se bousculent continuellement à la porte de son subconscient, avec gratitude. Ils sont un don du ciel, du Destin, peu importe comment il se nomme, pour oublier, ne plus penser que sa vie n’est qu’une suite de ratés. Ils ont besoin de lui pour éclater, enfin il n’a plus de doute sur son utilité.

« Malgré les heures passées je n’y arrive pas,
Car jour et nuit je pense à toi ».

Ceux-ci n’ont pas tort. Il est veilleur de nuit, et les longs moments qu’on laisse fuir en réfléchissant dans l’obscurité, alors que le reste de l’humanité dort paisiblement, n’ont plus de secret pour lui. Mais pense-t-il toujours à elle ? Non, il a surmonté cette épreuve, les mots l’y ont aidé… La lumière du soleil levant frappe son visage et éclaire d’une lueur dorée ses beaux yeux noisette, à l’expression si triste. Face à lui, une jeune fille s’arrête, indécise. Sans rien remarquer, il baisse les yeux, et rompt le charme. Comme rendue à la réalité, elle reprend son chemin, alors qu’il n’a pas même ralenti.

« J’ai marché, c’était long, dans ce couloir sans fin »

Oui, il a l’impression de marcher seul ici depuis des siècles. Où est cette lumière dont tant de gens évoquent l’existence ? Peut-être n’est-il pas assez proche de la fin pour l’apercevoir. La fin de sa souffrance, la fin de son calvaire. La fin de sa vie. Comment savoir lorsqu’il y sera enfin ? Retrouvera-t-il, dans ce dernier instant, ce bonheur qu’il partageait avec elle ? Soudain, il lève la tête, une folle lueur d’espoir brillant au fond de son regard. Malheureusement, celle-ci s’éteint très vite : ce n’est pas elle qu’il a aperçue là-bas. De toute façon, c’est impossible. Hier encore, il s’est assis dans l’herbe, tout près d’elle :

« Je ne peux voir que ton prénom inscrit sur cette tombe,
La suite de ma vie, tu sais a vraiment changé. »

Il marche alors dans les allées du parc, oasis de verdure et de paix dans la folie citadine. Pourtant, son pouvoir apaisant semble altéré ce matin. Il secoue la tête, pourquoi aujourd’hui, ces mots qu’il croyait être ses amis, lui font-ils revivre cet instant, ces jours terribles pendant lesquels il a pensé ne pas savoir survivre ? Comment arrêter cette litanie, diffusée sans répit dans son esprit ? Comment retrouver les phrases festives et fraîches qui le faisaient sourire et qui ont fait place à ce désespoir sans fond ? Déboussolé, il s’appuie à un chêne tout proche pour reprendre son souffle et le cours de ses pensées. La ronde des paroles qui l’accompagne ralentit alors, puis finalement s’évanouit. Le soudain silence dans ses oreilles le surprend, lui fait peur. Il ne dure pourtant pas longtemps car très vite, une voix remplace celle qui l’a déserté. En la reconnaissant, il s’effondre et perd toute conscience du monde extérieur. Plus rien d’autre n’existe que cette voix. Sa voix. Douce et tendre, comme dans ses souvenirs. Il ferme les yeux, alors que des larmes baignent ses joues mal rasées sans qu’il s’en aperçoive. Il lui semble discerner sa silhouette, mais elle lui tourne le dos, comme tendue vers un futur où il n’a pas sa place. Cependant, l’écho de ses paroles résonne toujours :

« Dis moi que tu m’aimes »

Etouffant un sanglot, il murmure d’une voix étouffée :
- Je ne t’ai pas oubliée seulement, j’ai si mal lorsque je pense à toi ! Pardonne-moi…
- Rejoins moi...

Il hésite, ne répond pas. Il aimerait tant que tout cela soit bien réel, Pouvoir à nouveau la serrer dans ses bras… Avant qu’il ne fasse un geste, son image s’efface. De nouveau ce silence. La tête lui tourne et il ne désire plus qu’une chose : son retour. A n’importe quel prix. Il a besoin d’elle. Au bout d’un long moment, il se relève, essuie ses yeux gonflés de larmes et se met en route, tourne à droite en direction du lac. Les mots qui l’avaient aidé ne sont plus là, sans doute les a-t-il épuisés, ou bien ont-ils trouvé un autre moyen pour atteindre le monde. Quelqu’un de gai, chaleureux et souriant. Quelqu’un qui a quelque chose à offrir. Quelqu’un dont le regard brillant et les idées lumineuses séduiraient toutes les femmes de la Terre… Quelqu’un. Quelqu’un d’autre… La réalité le frappe. Même les textes, ses meilleurs amis depuis des mois, n’ont plus besoin de lui. En cette heure matinale, le parc est désert et il n’a pas à se soucier du chemin qu’il prend. Il a parcouru ces allées tant de fois, avec elle. Enfin, sa vue se dégage sur un superbe panorama. Cela au moins n’a pas changé. Il lui semble que la beauté de cet endroit est immuable, en été sous le soleil brûlant comme en hiver lorsque la glace dérive lentement sur les eaux calmes. La fatigue de la nuit s’abat sur lui, au moment même où il est ébloui par l’harmonie paisible de la scène. Il ne pense néanmoins pas à rentrer chez lui. Il doit la retrouver et là où ils se sont promis de s’aimer à jamais lui paraît être le meilleur endroit. Sans réfléchir plus longtemps, il descend au bord du lac, prend une profonde inspiration et pénètre lentement dans l’eau, comblant le vide dans ses pensées par des chants d’amour et de pardon qu’il lui destinait mais qui s’étaient noyés dans la foule de mots qui l’avait assailli depuis son départ. Un cri l’arrête. Il se retourne, cherche le témoin bruyant de ses retrouvailles avec « elle ». Une enfant le regarde de la rive et semble attendre, ses cheveux blonds retombant en belles boucles sur ses épaules menues.
- Va-t-en ! crie-t-il, anxieux d’en finir au plus vite.
Alors qu’il se détourne, la petite l’appelle :
- Monsieur… Tu pêches ?
- Oui… Oui je pêche. Et les poissons ne viennent plus quand il y a des gens qui parlent. Rentre chez toi.
- Je peux voir tes poissons ? demande-t-elle en s’approchant de lui, sans hésiter à marcher dans l’eau froide.
Il se précipite vers l’enfant, la ramène sur le bord. Elle tremble mais ne semble pas s’en apercevoir.
- Tu n’as pas de canne à pêche ?
- Non, je… Je ne faisais que repérer les poissons. Pourquoi t’intéressent-ils tant d’ailleurs ?
Le regard de la petite se voile et pourtant, elle répond fermement :
- Avant de partir, maman m’a dit que les poissons étaient des messagers. Et s’ils tournent en rond dans leur bocal, c’est parce qu’on les empêche de rejoindre leur but. Un de ces poissons doit avoir quelque chose à me dire.
- Où est ta maman ?
- Je ne sais pas, elle est partie sans moi. Alors, tu peux me montrer les poissons ?
Une petite main chaude se pose sur son bras et il n’arrive plus à détacher son regard des yeux bleus de la petite fille qui l’interrogent, le supplient en silence. Comment lui répondre ? Qu’est-il arrivé à sa mère ? Comment peut-on mettre un si lourd fardeau sur les épaules fragiles d’une enfant ? Pour combien de temps encore restera-t-elle une petite fille naïve et touchante ? Il réfléchit à toute vitesse pour trouver une solution. Elle ne peut pas être seule, son père ou ceux qui s’occupent d’elle la cherchent forcément. Ils ne peuvent être loin. Il se penche et scrute l’eau lorsque tout à coup, un éclair argenté passe dans le fond du lac :
- Là ! Tu le vois ? En voilà un !
- Oh oui !! Je l’ai vu !! On aurait dit une étoile filante ! Maman adorait les étoiles filantes !! Elle disait qu’il fallait faire un vœu.
Elle saute à son cou, se serre contre lui. Pendant un bref instant, il sent le petit cœur battre contre sa poitrine et la chaleur du corps gracile de sa jeune protégée se répand dans ses veines et lui fait ressentir à quel point il est vivant. Vivant. Le mot pénètre son esprit, s’écoule en lui comme un vaccin. Avant qu’il ne la repose à terre, elle murmure à son oreille :
- Merci.
Elle s’éloigne ensuite, vive comme une anguille.
- Je dois aller le dire à papa !
- Attends ! Attends !
Mais elle a déjà disparu, aussi vite qu’elle était arrivée. Il se met à courir sur ses traces, il ne veut pas la laisser seule dans ce grand parc vide où il pourrait lui arriver n’importe quoi. Pourtant une fois qu’il rejoint le sentier, il ne peut la retrouver. Envolé, volatilisé son rayon de soleil de la matinée. Pendant une heure, il marche à sa recherche, en vain. Finalement, ses pas le ramènent devant sa porte et il réalise qu’il n’a plus songé à « elle ». Bien vite, il éloigne cette pensée, la fatigue qui l’opprime ne lui laisse pas le loisir de réfléchir plus avant. Plus tard, peut-être… Il s’écroule sur son lit et s’endort, s’éloignant ainsi de questions sans réponses qu’il n’arrive plus à comptabiliser et qu’il ne veut même plus écouter.

« Allez va, rattrape la vie »

Instantanément, il ouvre les yeux, croit à un rêve. A-t-il bien entendu ? Non, il se trompe sûrement, l’appartement est parfaitement silencieux. Pourtant son cerveau bourdonne, et il n’a plus l’impression d’être seul.

« On a pas tout ce qu’on veut dans la vie
Mais on a l’espoir et ça c’est permis »

Des larmes de soulagement perlent à ses paupières alors qu’il écoute, et essaye de démêler les cascades de mots qui déferlent sur son esprit torturé, apaisantes comme un baume réparateur. Ils ont raison. On ne vit qu’une fois et il doit en profiter. Cela fait trop longtemps qu’il a oublié ce credo, et « elle » n’aurait pas apprécié. Quoi qu’il ait pu voir ou imaginer ce matin. Il se lève, se rase d’une main sûre et expérimentée et sourit à son reflet, alors que dans son esprit, la ronde de paroles reprend de plus belle, comme pressée de rattraper le temps perdu, avant qu’il ne soit trop tard et que tout ne s’arrête…

Présentation

Qu'est-ce que ce nouveau blog allez vous penser, ô lecteurs ! Et bien, c'est juste pour faire découvrir certaines de mes créations, des nouvelles notamment, étant donné que la saison de courses à Brabois est finie, il faut bien que j'entretienne un peu ma passion pour l'écriture. Les photos vont être un peu mises de côté, car je n'en ai pas vraiment pour illustrer mes délires imaginaires. Tout ça pour vous dire que si vous me lisez, n'hésitez pas à poster vos commentaires, car un écrivain (mon Dieu quel grand mot pour des histoires si petites) aime savoir ce que pense son lectorat ! Donc voilà, vous êtes invités à participer !!
On va commencer en douceur avec une courte nouvelle intitulée Mots et après, c'est promis, j'en ai une sur les chevaux, mais elle n'est pas finie... Enjoy !!